Eloge de la fatigue (extraits)
Les Nuits échangées (extrait)
Et dans nos mains l’affranchissement des insectes
qu’on écrase sans crainte,
étonnés seulement par les petites taches brunes
sur les doigts…
La nuit annonce un visage intérieur
visage qui ne peut ignorer la façon dont je mourrai…
Et je sens précisément dans l’approche
qu’une telle figure est visible pour être donnée.
Refuser ce regard.
Occulter une mémoire lointaine, totale,
une mémoire qui sait ce qui me fonde
et pourquoi je deviens.
Page 12 © Editions Lettres Vives, 1985.
L’Eloge de la fatigue (extrait)
La fatigue vient avec la nuit,
nous pourrions croire que par elle nous communions
nous respirons de même vent que tout qui
appartient au cycle du jour et de la nuit.
Elle paraît comme un poids, ce poids qui nous fait
chuter au centre de l’être
et pourtant elle ne pèse pas.
Elle n’a pas de visage, effaçant presque le nôtre
soudain nous ne sentons ni la faim, ni aucune nécessité
et nos pensées vagues sont comme des murmures étrangers
échos lointain de combats inachevés.
Tant de gorges se sont serrées dans les murs.
Page 46 © Editions Lettres Vives, 1985.